Chronique de mai 2008 - par Ivan Bles-Gagnaire

"L'agriculture ne sert plus à nourrir les populations, mais à produire des devises".
Robert LINHART

Crise alimentaire mondiale...

Cantine
DatsoPic 1.2 © 2007 by Andrey DatsoVoici que réapparait un événement bien connu au Moyen-Age, mais que nous ne connaissions plus en nos temps modernes, sinon en des circonstances très exceptionnelles et en des lieux très limités.
Dans un certain nombre de pays, les prix des produits alimentaires de base augmentent dans de telles proportions qu'il devient de plus en plus difficile pour les plus pauvres de se nourrir. Des manifestations de protestation souvent très violentes ont d'ailleurs eu lieu ces dernières semaines, en Egypte, en Mauritanie, au Mexique, en Bolivie, au Pakistan, en Indonésie, en Malaisie. En Haïti, plusieurs morts ont été dénombrés. La liste n'est malheureusement pas close, puisque la toute puissante Banque Mondiale considère que 30% des pays pourraient être touchés par la crise actuelle.
Ne l'oublions pas, aujourd'hui 854 millions d'habitants de notre planète souffrent de la faim, et on commence à évoquer la possibilité que ce chiffre passe à 1 millard 200 millions de personnes...
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Plusieurs raisons à cet état de fait :

- La démographie : la population mondiale augmente chaque année, et donc le nombre de consommateurs.
- L'accroissement spectaculaire des revenus des pays que l'on appelait sous-developpés, tels la Chine, l'Inde, le Brésil, le Vénézuéla. Le P.I.B. de ces pays augmente chaque année de 10% ou plus. Les revenus des habitants s'accroissent, et avec eux les habitudes et les exigences alimentaires. Ils mangent plus et mieux.
- Les exès alimentaires des pays riches : durant des décennies, les pays développés, et en particulier l'Europe, ont eu des excès alimentaires, grâce à leur agriculture bien organisée, et à un ensemble d'éléments favorables (qualité des terrains, hygrométrie). La solution aurait pu être de nourrir les populations affamées, mais sans doute cela eut-il été trop simple. Des esprits forts ont donc choisi de mettre des centaines de milliers d'hectares en repos (en jachères), poussant par là des dizaines de milliers de paysans soit à la retraite, soit au chomage, privilégiant l'industrialisation de l'agriculture et faisant épouser par les responsables agricoles la croyance en l'absolue necessité de la rentabilité forcenée.
- Les agrocarburants : et voici qu'apparait maintenant un nouvel élément, incontournable en nos temps où l'automobile est reine : pourquoi ne pas transformer les récoltes de blé, de maïs, de colza en éthanol, c'est-à-dire en un produit qui peut remplacer l'essence ? Pourquoi ne pas faire faire reculer la forêt amazonnienne, pour replanter des palmier à huile, qui permettent la récolte d'huile de palme, encore un carburant trés acceptable. On va évidemment creuser ainsi notre déficit en produits alimentaires de base, et faire progresser la famine dans le monde.

La spéculation sur les matières premières :

Au marché
Au marché
DatsoPic 1.2 © 2007 by Andrey Datso Aujourd'hui, le Kazakhstan, cinquième exportateur mondial de blé, a suspendu toute exportation de cette céréale. L'Inde, le Viet-Nam, l'Indonésie, de leur côté, ont interdit ou réglementé sévèrement les exportations de riz. En un an, le prix de la tonne de riz a doublé sur le marché mondial. Et il faudrait doubler la production alimentaire mondiale dans les 25 ans à venir, pour satisfaire les besoins croissants des populatien en expansion.

La spéculation ne saurait être absente, dès lors que la demande va croissant. Les investisseurs, qui ont énormément d'argent à placer, les fonds de placements, tous ceux pour lesquels le profit est roi, même au détriment de la santé ou de la vie des plus miséreux, achètent par avance les récoltes de centaines de milliers d'hectares de blé, de maïs, de riz, et cela dès la plantation. A un prix évidemment très intéressant, grâce à leur puissance financière. Il leur reste à attendre la récolte, et à ne vendre qu'au bout d'un certain temps pour engranger un confortable bénéfice.

Qu'importe si ces bénéfices sont cause en partie de souffrances dans le monde, et si des enfants dénutris disparraissent chaque jour. Les financiers peuvent se frotter les mains !

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